Mercredi 30 janvier 2013 à 15:45

http://sphotos-b.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash3/p206x206/541669_395793373842539_2077819762_n.jpg Le paysage de noir et de blanc laissait doucement place aux nuances grisâtres d’une Île-de-France s’approchant à grand pas. Un défilement accéléré d’images de natures façonnées par l’homme : Eoliennes au loin, champs gelés semblables à des parterres en jachère, résidus forestiers bien piteux dans leur état, cadavres neigeux salis par un mélange de terres chiardes et chiasseuses…

Point défilement n’est aussi beau que la traversée d’une hideur naturo-humaine par un Train à Grande Vitesse. Des années de bons et loyaux services en ont fait mon bastion, mon autre chez moi, celui qui m’emmène de mon habitat à mon lieu de vie, de mon domicile à mon cocon, de mes familles à moi-même, l’autoroute de ma vie.

La France est mon endroit, ma maison personnelle. Les trains sont les pieds qui me permettent de changer de pièces que sont les villes. Chaque gare est la porte de ma chambre, de mon salon, de ma salle de bain… Quand on me demande d’où je viens, je me plais souvent à répondre : « de France ».

A quoi bon chercher, à 21 ans, j’ai déjà vécu ou séjourné longuement dans plus de 8 villes, j’ai déménagé 13 fois, et le nombre de cités qui m’ont vu passer dépasse mes capacités de calcul. Quant aux communes que j’ai eues ou ai encore projet d’investir, elles sont innombrables. J’ai la bougeotte, une curiosité sans égal a élu résidence dans mon âme. Chaque jour, j’espère apprendre, découvrir, rencontrer, partager. Je crois assumer pleinement le fait que je ne serais rien sans l’AUTRE.

D’aucun disait que « l’Enfer c’est les autres », à huis-clos je vous dirais que l’Enfer c’est moi-même et que les autres sont mon paradis, mon Eden de la multiplicité et de la différence. Qu’il soit avenant, sympathique, amical, mauvais, aigri ou malpoli, l’AUTRE me ravi, m’emplit, m’enseigne. Mais l’AUTRE ne me possède pas et je ne dois pas chercher  à le posséder. Je l’aperçois, l’observe, je profite de sa présence d’esprit, de la présence de son esprit aux côtés du mien. J’aime qu’il contribue à me façonner, j’aime qu’il bouscule les certitudes d’un « habitus » qui me construit, comme un coup de masse dans le mortier qui cimente le mur de briques de mon moi-social, de mon moi-profond.

Malheureusement, dans un bonheur soudain, il m’arrive de m’attacher à l’un de ces Autres. La symbiose se rompt. Je voudrais posséder. Il n’y a plus « moi et l’AUTRE », il y a « moi, lui et ces autres ».

Mais qu’est-ce que ce sentiment d’attachement, cette émotion qui bouillonne quand je voudrais refroidir ?

La réponse ubiquitaire  à toutes les questions sur le sens de l’attachement serait selon moi la suivante : S’attacher, c’est avoir peur de perdre l’autre.

Il n’est donc clairement rien de plus vicieux. L’attachement procure joies et sourires, rires et passions, charnelles ou non. Mais quoi de plus sale qu’un bonheur bâti sur la peur, qu’un bonheur qui engendre la peur ? D’ailleurs, le bonheur né-t-il du mal ou l’engendre-t-il ?

Alors maintenant que l’attachement à cet autre, à ce Lui, a de nouveau perturbé la synergie de mon existence, que dois-je faire ? Dois-je me battre pour quelque chose de vraisemblablement hors d’atteinte ? Cela ne serait-il pas un nouveau moyen de fatiguer mon âme fraîchement cicatrisée ? N’y aurait-il pas une forme de masochisme égoïste dans cette inéluctable recherche du bien-être qui semble m’animer ?

Je suis intimement convaincu que le bonheur ne vient pas seul, mais je suis tout autant persuadé qu’on ne le trouve pas en le cherchant. Car le bonheur, nous l’avons déjà tous trouvé, il est là, autour de nous. Encore faut-il que j’apprenne à m’en rendre compte et à m’en satisfaire. Douce utopie de mon âme paumée.

Mon esprit converse constamment avec lui-même. Dans un but obscur, il me pose mille questions auxquelles je tente de répondre. Le délire qui m’anime me fait rire de son rationalisme.

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Dimanche 23 décembre 2012 à 15:54

 Deux semaines de folies. Aux sens propres et figurés. 

Je suis arrivé en Lorraine, à Wittring, un village de 800 habitants et des poussières, situé à quelques kilomètre de Sarreguemines, petite ville assez morne. Il faisait -7°C, la neige tombait à gros flocons et le paysage était blanc, totalement blanc. Sacré choc, quand tu débarque de Monaco où il faisait 15°C le jour de mon départ.

J'ai démarré un stage dans une Unité pour Malades Difficiles, une unité psychiatrique prenant en charge des patients violents et agressifs, impossibles à prendre en charge dans un service de psychiatrie classique. Autant dire qu'avant de démarrer, j'étais plutôt anxieux.

Que l'on m'attache si je mens, parce que je crois que m'occuper des malades mentaux violents, et bah j'adore ça. Contre toute attente, j'adore la Lorraine, les gens sont tous chaleureux, très accueillant, me donne envie d'avancer, plaisante avec moi. Les patients sont des gens incroyables et s'occuper d'eux est un plaisir, la violence n'intervenant que rarement puisque toute la prise en charge vise à prévenir efficacement celle-ci. 

Alors oui, un patient délirant schizo, c'est perturbant, surtout quand il dort dans son vomi ou qu'il vous dit qu'on a empoisonné sa nourriture avec les excréments d'une autre infirmière, mais on découvre une montagne d'humanité en eux. Et même si les résultats recherchés ne sont pas la guérison, le soin n'en est que lus motivant et intéressant.

Pour ce qui est de la fête, en Lorraine les gens savent s'amuser, rire, picoler bien comme il faut! Et la cuisine locale est splendide! 

Et les garçons dans tout ça?

J'ai rencontré un bel Alsacien vivant dans le village d'à côté. 36 ans, cadre dans l'éducation spécialisé, qui reprend des études pour faire un master de recherche dont l'intitulé m'échappe. Beau mec avec un regard bleu clair profond et un sourire magique, une espèce de coup de coeur qui risque de me manquer quand je quitterais la Lorraine pour de bon. Pour le moment, sans tomber dans un romantisme émétisant ou une bestialité trop crue, il semble savoir comment me prendre, comment me parler, comment communiquer avec moi sans me dégoûter comme c'est si souvent le cas. Il ne semble pas non plus effrayé par moi, ce qui est d'autant plus rare qu'un mec qui me plaît a toujours une raison pour me rejeter comme j'ai toujours une raison pour rejeter les mecs à qui je plaît. 

Encore une histoire qui risque de ne pas durer, distance des habitations obligeant.

Nous verrons, profitons de chaque instant tant qu'il est temps.

Joyeux Noël et Bonnes Fêtes à tous.
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Mardi 11 décembre 2012 à 15:02

Le 07/12/12
Me voilà sur la route (enfin sur les rails) ! Je gratte de ma plume (je tape sur mon clavier) cette page blanche (cet écran Microsoft Word blanc) afin de tenter une fois de plus de remplir ce blog d’un eu de moi-même. Un peu de ce que je suis à un instant t. L’instant ici, c’est le TGV Marseille-Paris, qui m’entraîne jusque chez mes parents pour le week-end, avant qu’un nouveau train me prenne Dimanche en direction de Sarreguemines !

 

Mon périple a donc commencé aujourd’hui avec le remplissage de ma valise ! Y a de quoi flippé tant les coutures semblent prêtes de craquer. J’ai la fâcheuse tendance à toujours vouloir prendre trop de fringues, dans un seul but : celui d’avoir du choix. J’aime pouvoir hésité devant ma valise et choisir le t-shirt blanc plutôt que le bleu parce que le rouge va pas avec mon pantalon ! Société de consommation qui m’a forgé depuis le plus jeune âge, je veux tout, tout de suite et je veux pouvoir choisir à chaque instant. Ca me perdra.

Mon stage à Sarreguemines en Unité psychiatrique pour Malades Difficiles va donc commencer Lundi à 9h du matin. Je suis toujours autant dans le vague vis-à-vis du moyen de transort qui m’emmènera chaque jour de chez la famille où je loge et l’hôpital lui-même. Le plan initialement prévu est tombé à l’eau quand mon chauffeur précédemment attitré a fait une mauvaise chute et s’est brisé un ou deux petits os du pied.  Un plâtre peut empêcher de conduire…

J’ai longtemps pensé au vélo, mais vu la quantité de neige et de verglas qu’il y a sur place, l’idée s’est vite révélée utopiste. Pour le bus, j’ai appris que la neige les empêche parfois de circuler. Quant aux trains, ils sont ma dernière véritable ressource bien qu’il ne puisse me permettre d’arrivée aux horaires que sont ceux du service, à savoir 6h30-13h30 ou 14h-22h. Toujours le même problème, je dois me faire emmener le matin, ou ramener le soir.

Ma dernière solution réside dans l’équipe soignante présente sur place. J’espère d tout mon cœur qu’une infirmière ou une aide-soignante pourra m’emmener, au moins le matin.

Ce stage semble être un vrai casse-tête ! Quelle idée d’aller se perdre si loin dans le froid, alors que Monaco dispose de services de psychiatrie classiques et tranquilles…

L’aventure, la soif de savoir, de découvrir, de connaître, d’explorer, d rencontrer de nouvelles personnes, la soif d’apprendre, de voir quelque chose qu’on ne voit nulle part ailleurs. C’est cela qui m’anime, j’ai soif de vivre, je vivrais donc, malgré toutes les difficultés logistiques que cela peut poser.

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Lundi 26 novembre 2012 à 14:32

http://nurse-tony.cowblog.fr/images/IMG0295.jpgParce qu'une semaine dure 7 jours et pas 5, voilà la suite de ma semaine de merde:

Samedi: Très fatigué, j'ai des sensations de chaleur alors qu'il fait assez froid.

Dimanche: Je me réveille avec 39,5° de fièvre, mes amygdales me fond énormément souffrir, j'ai une grosse angine je le sens. J'ai des frissons extrêmes suivis de bouffer de chaleur, des courbatures dans tout le corps. Le soir je me mets au lit, je ne dormirai qu'une heure cette nuit là. Je souffre atrocement, je n'arrive même pas à avaler ma salive, je frissonne à en devenir fou, plusieurs fois je me jette sous une douche brûlante qui bien entendu, si elle arrête les frissons, ne fait qu'aggraver mon cas en augmentant ma température.

Lundi: A 7 heures du matin, je me lève, reprends une 5 ou 6ème douche et part pour les urgences de Monaco. Je n'attendrai même pas 10 minutes (ça a ses avantages d'être à Monaco, et d'en plus être étudiant infirmier dans l'hôpital). Quand le médecin débarque, elle ausculte le fond de ma gorge avec un abaisse-langue et une lampe torche, genre spéléologie! Et là, du médecin s'exclamer: "Oh pétard, vous avez une énorme Angine bactérienne, c'est impressionnant!!" Résultat, je suis sous corticoïdes, antibiotiques, antalgiques, et leur effet n'est que limité puisque les courbatures sont toujours là, même si moins fortes. Au passage, j'ai pas pu être présent pour mon évaluation d'anglais, ce qui me ace tout droit pour avoir un rattrapage en juillet!! Youpi!

Si ça c'est pas une semaine de merde!

 

Dimanche 25 novembre 2012 à 2:31

http://sphotos-h.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash3/643862_377393205682556_328233753_n.jpg
...Plutôt que de passer une semaine aussi merdique. Une véritable semaine de merde, le genre de semaine de merde qui te pourri la vie!!

Lundi: jour férié, j'ai couru 28 km en deux jours, j'ai une tendinite rotulienne, j'ai mal, je boite.

Mardi: Je mets mon thermos d thé au lait dans mon sac avant de partir pour les cours, je suis déjà en retard, je sors de l'immeuble, et remarque que ma chaussure est humide... 50 cL de thé au lait viennent tout juste de se répandre dans mon sac de cours. Toutes mes notes sont trempées. Mon ordi semble normal, juste un peu humide, je l'essuie et arrive en cours avec 30 minutes de retard. Je boîte toujours bien entendu. A 10h, travail de groupe, j'ouvre mon ordinateur, et le démarre, l'écran grésille, clignote, mon ordi est foutu, il s'éteint, je ne parviendrais plus à le rallumer. Pas de bol, le mercredi matin, évaluation pour laquelle je ne suis pas prêt. Je révise jusqu'à deux heures du matin.

Mercredi: je me lève en retard, et arrive juste à temps pour l'évaluation. Elle ne se déroule pas trop mal. Mon ordi ne démarre toujours pas et le jeudi matin, un autre examen nécessite d'avoir accès à un ordinateur. Je décide donc de récupérer mon vieil ordinateur portable, je l'allume, et tente de désinstaller ma version pourrave de Windows en la remplaçant par Linux. Cela m'a pris environ 8h.

Jeudi: je me lève, j'arrive en retard à l'évaluation, je me fais engueuler mais ça passe. Le vieil ordinateur fonctionne, l'éval se passe mal, je pense l'avoir raté. Je boîte toujours. L'après-midi, 4h de cours sur les techniques d'investigation. Un enfer.

Vendredi: Je me réveille avec un mal de ventre insupportable, je suis plié en deux, je suis sous Profénid et on ne m'a pas préscrit d'IPP. Fait chier!  J'arrive avec une demi-heure de retard en cours. Je suis de mauvais humeur. Hier soir, mon second ordinateur a littéralement grillé. Avec odeur de cramé et tout. La journée est longue, travaux de groupe à 32, tout le monde s'engueule et moi je gueule plus fort pour  re-mettre de l'ordre.

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